Un nouveau rapport met en lumière les défis posés par le permis de travail ouvert pour les travailleurs vulnérables

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Les travailleurs étrangers au Canada qui sont victimes d’abus endurent souvent cette situation pendant une période prolongée avant de chercher de l’aide, car le fait de quitter un employeur dont le permis de travail est fermé risque d’entraîner la perte immédiate de l’autorisation de travail. C’est l’une des conclusions d’un nouveau rapport intitulé Emergency Exit or Dead End? An Analysis of the Impacts of the Open Work Permit for Vulnerable Workers in Canada (Sortie de secours ou impasse ? Une analyse des impacts du permis de travail ouvert pour les travailleurs vulnérables au Canada), qui met en lumière les difficultés rencontrées par les travailleurs migrants dans le cadre du programme de permis de travail ouvert pour les travailleurs vulnérables (VWOWP).

Alors que le VWOWP a été conçu pour permettre aux travailleurs d’échapper aux abus, l’étude met en évidence « d’importants obstacles à l’accès au programme et aux avantages qu’il procure, ainsi que de nouvelles vulnérabilités qui apparaissent même chez les candidats retenus ». Les abus subis par ces travailleurs comprennent généralement des conditions de travail abusives, un logement inadéquat, le non-paiement des salaires, des fraudes financières et des préjudices psychologiques.

Réalisé en collaboration avec des organismes communautaires, dont le FCJ Refugee Centre, et financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et Mitacs, le rapport s’appuie sur 47 entretiens approfondis avec des travailleurs migrants du Québec, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique qui ont demandé à bénéficier du programme entre 2021 et 2024.

Faible participation

Le rapport souligne que de nombreux travailleurs ne connaissent pas le programme VWOWP ou le découvrent trop tard, et que le processus de demande impose une lourde charge de la preuve, exigeant des justificatifs détaillés que les travailleurs en situation précaire ne peuvent souvent pas obtenir. Ces obstacles entraînent un faible taux de participation au programme, puisque seulement 50 % des demandes sont approuvées.

Même après avoir obtenu un VWOWP, les travailleurs sont confrontés à des défis permanents. Le rapport fait état de précarités permanentes, notamment des difficultés à trouver un nouvel emploi, de l’instabilité du logement et d’un accès limité aux services sociaux. La nature temporaire du permis rend les travailleurs vulnérables à l’exploitation, car ils doivent souvent réintégrer le système fermé des permis de travail pour conserver leur statut légal. Le traumatisme associé aux abus et le stress lié à la navigation dans les systèmes d’immigration et de travail du Canada ont également un impact significatif sur la santé mentale des travailleurs, certains d’entre eux exprimant des sentiments de désespoir et des idées suicidaires.

Le rapport appelle à des réformes urgentes pour résoudre les problèmes systémiques qui perpétuent les abus et la précarité des travailleurs migrants. Les recommandations comprennent l’amélioration de l’accès au programme VWOWP en rationalisant le processus de demande, en améliorant la sensibilisation par le biais d’un travail de proximité ciblé, et en fournissant un soutien juridique et financier plus important aux demandeurs. Des réformes structurelles, telles que la suppression des permis de travail fermés et la création de voies de résidence permanente pour les travailleurs migrants temporaires, sont également essentielles pour garantir que le système migratoire du Canada respecte la dignité et les droits de ceux qui contribuent de manière si significative à son économie.